Je regardai Tristan renversé sa coupe et je me mis à rire, l’imitant malgré moi. Bien que je ne boive pas habituellement, j’allais faire exception ce soir. Lentement, je remplis ma coupe et fis attention à ne pas en mettre à côté. Je regardai Tristan mais ne buvais pas. Je n’osai pas. C’était la première fois que je buvais de l’alcool et franchement je n’avais pas tellement envie de m’y mettre. Alors, je vidais ma première coupe dans la plante d’à côté mais cela se fit remarquer par le mec de derrière moi. Oups ! Alors comme ce dernier leva son verre, je fis de même et je le bus cul sec. Goût abominable et je tombai de ma chaise sous le choc. Puis, je ne sus pourquoi mais je continuai à imiter Tristan sans vraiment faire attention aux gens qui nous entouraient.
«
Ze crois que ze vais vite être saaaaoule, dis-je en levant à nouveau mon verre avant de le vider d’une traite. »
Puis pensant avoir suffisamment bu, je me levai et intimai à Tristan de me suivre. Bien entendu, je ne payai pas le restaurant. J’avais trop de classe pour ça et l’erreur du serveur tout à l’heure lui fit bien comprendre qu’il n’avait pas intérêt à me ramener l’addition sinon je n’hésiterai pas à aller chercher mon fusil de chasse, accroché au dessus de la cheminée. J’étais fiancé. Et à Tristan en plus ! Il fallait que je boive plus pour oublier cela. Je taperai dans le bar personnel de mon grand-père après être rentrée chez moi. En vitesse, je montai dans un taxi et je fis bien attention à ce que Tristan me suive. Ma tête ! Mon dieu que je commençai à avoir la tête qui tourne mais j’aimais cette sensation. Puis soudain, je me mis à chanter une chanson française. N’importe laquelle qui me vint à l’esprit et cela fut bizarre. Surtout pour moi.
« Ne me quitte pas,
Il faaaautoublier
Toutpeutoublier
Qui z’enfuit dézà… »
J’enchainai les paroles de «
ne me quitte pas » de Jacques Brel et les larmes me vinrent aux yeux. Avant de sortir du taxi, Tristan captura mes lèvres et y déposa un baiser. Ce moment fut agréable mais si je savais pertinemment qu’il faisait cela sous l’influence de l’alcool mais à vrai dire, j’étais saoule aussi. Même saoule, je n’en restai pas moins malheureuse. Je ne voulais pas pleurer devant Tristan. Oh que non, je ne le voulais pas alors une fois que nous fumes rentrés dans la maison, quand ce dernier énonça son compliment, je me mis à rire aux éclats et continuai de chanter en tournoyant sur moi-même.
« Moi je ‘offrirai
Des perles de pluiiiie
Venuuuues de pays
Que l’on ne quiiiitte paaaaas.»
Ensuite, j’emmenai Tristan près de la piscine couverte et retirai la robe que j’avais enfilée au matin. Nous étions saouls tous les deux. J’avais une bouteille de champagne non dé bouchonné dans ma main droite et deux coupes dans l’autre. Je m’approchai de «
mon fiancé » et retirai tout ce qu’il avait dans ses poches.
«
On ne sait jamais, un petit séjour imprévisible dans la piscine. »
Je posai ses effets sur la table et m’évertuai à retirer le muselet de cette stupide bouteille. Mais malheureusement pour moi j’étais trop saoule pour y arriver et glissai dans la piscine. Je perdis les coupes et la bouteille dans l’eau et relevai la tête aussi vite que possible avant de faire quelques brasses pour revenir vers le bord. Grand dieu qu’elle était fraiche et je m’arrêtai devant Tristan et me remis à chantonner Jacques Brel.
« Ne me quitte pas
Je t’inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras… »
Ensuite, lançant un éclat de rire machiavélique, je me relevai et attrapai Tristan pour le pousser avec moi dans la piscine. Enlacés, saouls et fiancés, nous coulâmes au fond de la piscine. J’attrapai ses lèvres et prise de folie, je l’embrassai langoureusement. Je mis mes mains sous sa chemise et ne daignai pas remonter à la surface ayant complètement perdue l’esprit et la notion du temps. Ce n’est que quand je manquai d’air que je remontai à la surface, remontant mon ami avec moi. Ensuite, d’un bond, je ressortis de la piscine et allai mettre la musique avant de choper une nouvelle bouteille et de nouvelles coupes. Ma robe gisait par terre et je l’attrapai pour finalement m’essuyer avec et la jeter dans l’eau. C’était la première fois que je buvais de l’alcool et cette sensation de folie m’envahit comme un orgasme pour une pucelle. Je servis le champagne dans les coupes et posai celle de mon compagnon sur la table. Ensuite, je levai mon verre bien haut et me mis à hurler:
«
A NOTRE MARIAGE ! A NOTRE MARIIIIIIIIIIIIIIIIAGE. MOI FUTURE MADAME DELACOUR ET FUTURE COCUE DE DUBLIN. »
Les mots jaillirent de la bouche malgré moi et me rendant compte de mon erreur, je me remis à chanter. Chanter comme une cinglée. Chanter comme si nous allions mourir comme dans Remember me. Chanter jusqu’à en perdre la tête.
« Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer
Et la Terre peut bien s’écrouler
Peu importe, si tu m’aimes
Je me fous du monde entier. »
J’avais chanté cela en regardant Tristan dans les yeux et je me remis à rire comme une dératée avant de me dire que j’étais aussi folle que Katherine Mayfair dans DH. Je le voulais. Je voulais Tristan pour moi et je le voulais maintenant. Je voulais prendre l’avion pour Las Vegas ce soir même. Pour nous marier et je savais que cela n’était pas une décision rationnelle. Que demain, je le regretterai mais même. Je voulais continuer à faire la fête dans toute la ville. Il était encore trop tôt pour aller se coucher et je ne voulais pas que cette nuit s’arrête. Je fus dégoutée de ne pas avoir de machine à remonter le temps mais je claquai innocemment à Tristan sans avoir conscience de mes paroles, l’idée que j’avais alors en tête.
«
Et si nous allions à Las Vegas pour continuer à faire la fête ? »