Damian, c'est ce garçon que vous ne remarquez pas en cours. Toujours ailleurs, il n'est jamais attentif à quoi que ce soit. Il faut lui répéter au moins deux fois chaque chose pour être certain qu'il comprend. Damian, c'est aussi ce mec que l'on n'a jamais vu passé une brosse dans ses cheveux. Il n'aime pas prendre soin de son apparence plus que ça. Tant qu'il est propre ! Damian, c'est cet homme qui s'arrête lorsqu'il croise une poussette pour chatouiller le gamin qui est à l'intérieur. Damian, c'est aussi ce mec qui a une tendance à croire que tout s'écroule à la moindre mauvaise nouvelle, cette personne qui déteste attendre et qui se plaint sans cesse. Mais aussi cet humain qui ressent chaque chose un peu trop profondément bien souvent. Qui a cette tendance incroyable à se lancer à corps perdu dans une histoire, même si elle ne prévoit rien de bon. Cette personne complètement brouillonne, jamais organisé, toujours enfoui dans un bordel immense. Damian, c'est un humain comme vous et moi, mais qui a cette tendance à être adorablement attachant et que l'on aime malgré tous ses défauts. C'est aussi une personne qui s'est juré qu'il allait faire sourire le plus de personnes dans le monde. Et n'oublions pas, Damian c'est un homme qui s'est voué à la musique, qui ne vit que pour elle.

l'histoire de l'avant-naissance;

« Connard » l'entendit-il dire de loin. Il ne haussa même pas un sourcil, ne cligna même pas des yeux. Il ne fit qu'apporter sa cigarette à sa bouche avec un calme olympien qui ne fit que la mettre un peu plus en rage. « Salope » chuchota-t-il. Il chuchota un peu trop fort, car elle se retourna aussitôt que ses paroles lui vinrent à l'oreille. Ses yeux étaient énormes sur le coup de la colère, ses longs cheveux semblaient avoir vécus une tempête et ses joues étaient d'un rouge de feu. Bizarrement, il la trouva encore plus belle qu'auparavant. En un clignement, elle était face à lui et il sentait sa main sur sa joue. Une gifle qui laisserait des traces, mais il s’en foutait. Il jeta sa cigarette sur le sol et l’écrasa d’un mouvement de pied. Il s’approcha d’elle, tira ses cheveux et emmena sa bouche contre la sienne. Il sentit sa résistance du début fondre en quelques secondes. Il lâcha ses cheveux et lui prit la taille. Elle posa ses mains sur son torse et le fit reculer. Il se laissa faire et tomba délibérément sur l’herbe. Elle prit place par-dessus lui et commença à lui enlever son t-shirt. Leur première fois, avec la nature pour seul témoin et la nuit comme confidente. La plus belle première fois de toute sa merdique existence.

deux mois plus tard;

« Tu fais chier ! Tu ne jetteras pas cet enfant à la poubelle, putain ! C'est mon fils, MON FILS ! » cria-t-il, incapable de se contrôler. Il était fou de rage, jamais il n'avait été aussi en colère. Elle voulait le mettre à l'adoption, elle voulait se débarrasser du gamin. Il voyait qu'il lui faisait peur. Elle se tenait contre la table et ses yeux étaient remplis de larmes. Elle tremblait de toute son âme. Il se retourna et souffla. Non, pas lui, se dit-il. Il se rapprocha de la chaise près de lui et s'assit. Les coudes sur les genoux, il posa sa tête entre ses mains. Elle vit alors quelque chose qui la laissa ébahit. Il pleurait. Ses épaules bougeaient sous le mouvement de ses sanglots. Elle s’approcha de lui et se mit à genoux pour être à sa hauteur. Elle prit ses épaules entre ses bras et le serra contre elle. « Comment on va faire, mon amour ? Comment… » chuchota-t-elle les larmes aux yeux. Elle posa sa tête sur son épaule et se laissa aller à son tour.

&puis, l'après-naissance.

« Mamaaaan ? Je peux avoir çaa ? » demanda-t-il, le plus grand sourire du monde aux lèvres. La jeune femme jeta un regard à son plus vieux qui tenait pour la millième fois une boite de biscuits dans les mains. Elle poussa un énorme soupir avant de lui faire signe de la mettre dans le panier. Criant de joie, le gamin alla aussitôt mettre la boite dans le panier et se tourna pour faire un câlin à sa mère. Elle lui sourit doucement avant de piocher tout ce dont elle aurait besoin pour cette semaine. Pendant ce temps, le benjamin braillait en disant que c’était injuste, qu’il voulait être à terre lui aussi. Non, elle n’allait pas le remettre à terre parce que dès qu’il touchait le sol, il courait dans tous les sens et après il disait qu’il était fatigué. Résultat ? Elle le remettait dans le caddie et ça recommençait. Allez savoir, cette petite vie complètement banale lui faisait plaisir. Ahh ce qu’elle était heureuse ! Si c'était ça qu'on appelait le bonheur, elle en voulait encore et encore...

quelques années plus tard;

Le doute se lisait dans le visage de l'adolescent. Damian tourna son visage vers son meilleur copain et haussa un sourcil. « T'es certain qu'on est à la bonne adresse, mec ? » demanda-t-il. Il le vit hausser les épaules et s'avancer pour aller cogner à la porte. Damian le suivi d'un pas hésitant. Cette maison, c'était un vrai taudis. Elle était peut-être à louer et pas chère, mais putain... Ils étaient censés en faire leur quartier, mais comment pouvait-il dire que ce truc c'était son quartier ? Un mec un peu louche vint leur ouvrir la porte et ils entrèrent aussitôt. Damian passa à côté du type louche et s'arrêta aussitôt de respirer par automatisme. Ils avaient fait, à peine, deux pas que son copain s'arrêta et regarda l'homme-louche. « Et vous demandez combien déjà ? » demanda-t-il alors. « 500 le mois » répondit l'homme-louche. Damian manqua alors de s'étouffer, mais du côté de son copain, tout semblait rouler. « D'accord, on prend. » dit-il soudainement. Damian manqua de faire un arrêt cardiaque ce coup-ci et même l'homme-louche semblait surpris. Quoi ? On prenait ? Déjà ? On allait payer 500 le mois pour ça ? Avec l'allocation qu'il avait, il savait bien qu'il n'arriverait jamais à payer et que, par conséquent, c'était son copain qui allait tout payer. Il allait lui en devoir une du coup et Damian n'était pas certain que ce soit une bonne idée, mais il ne parla pas, ne dit rien...

&trois mois après;

L'ipod sur les oreilles, il chantonnait la chanson qui jouait en faisant ses maths. Il n'était pas l'un de ces ados qui négligent ses études, il tentait même d'avoir de bonnes notes. Malgré tout, il ne l'avait pas naturellement. En cours, il était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, son attention était sans cesse détourner. C'était d'ailleurs l'un de ses éternels défauts. Sa mère le lui répétait bien souvent. Coincé au septième numéro de la page, il jeta le crayon et le cahier en se disant qu'il terminerait tout ça demain, il en avait marre de travailler pour aujourd'hui. Il resta couché sur son lit à regarder le plafond et à murmurer les paroles de la chanson. Il se releva alors, enleva l'ipod de ses oreilles et se positionna de façon à pouvoir prendre un objet sous le lit sans avoir à en descendre. Il prit l’objet, la seule chose qui arrivait vraiment à le détendre et sans doute ce qu’il avait de plus précieux en son existence. Il gratta les cordes, l’accorda un peu et joua. Il joua ainsi pendant une heure, assit sur son lit et remplissant le silence étouffant de sa chambre. Il aurait continué, oh oui, mais sa sœur entra en trombe dans sa chambre et se jeta à son cou. Il vit les larmes qui perlaient à ses yeux et ne comprit pas ce qui se passait. Quoi ? Elle avait rompu avec son petit copain, peut-être ? Le problème, c’est, qu’aux dernières nouvelles, elle n’avait pas de petit copain. Il déposa sa guitare et la prit dans ses bras. « Qu'est-ce qui se passe, Mimi ? » lui demanda-t-il. Elle le regarda de ses yeux remplis de larmes. « Tu crois qu'ils vont divorcer Dam' ? Tu crois ? Papa est parti... » et elle continua à parler et à parler. Mimi n'arrêtait jamais de parler. Lui ne l'écoutait plus, il savait que ses parents se disputaient, mais de là à quitter la maison ! À ce moment, il eut peur. Atrocement peur.

&puis, juste une semaine plus tard;

Tout d'un coup, il sentait le poids du monde entier qui lui tombait sur les épaules. Elle lui annonçait ça, comme ça. 'Hey, je crois qu'on ferait mieux de casser.' avait-elle dit, mais qu'elle aille se faire foutre ! Il s'était attaché, il lui avait confié beaucoup et lui avait consacré six mois de son existence. Il avait même osé l'aimer. Il la regarda, elle ne savait plus trop comment réagir en remarquant le manque de réaction de sa part. Il détourna alors le regard. « Ok. » lui répondit-il. Qu'est-ce qu'on disait dans ces moments-là, après tout ? Il rentra chez lui aussitôt et s'enferma dans sa chambre. Il resta assis un moment sur son lit jusqu'à ce qu'il sente quelque chose vibré dans sa poche. Il en sortit le téléphone et répondit. Bien sûr, c'était Miles, son meilleur ami depuis à peu près toujours. Damian lui raconta rapidement ce qui s'était passé et Miles décida aussitôt qu'il fallait lui changer les idées. Une quinzaine de minutes à peine plus tard, il le vit qui débarquait dans sa chambre avec un sourire que Damian ne connaissait que trop bien. « Allez mec, faut te bouger ! Ce soir, on sort en boite. » lui annonça-t-il comme si c'était la plus grande nouvelle du monde. C'est comme ça qu'il se retrouva assis devant un bar, à boire de l'eau. Il ne voulait pas boire parce qu'il ferait des conneries et cela il le savait. C'était carrément beaucoup trop son genre. Ça faisait un sacré moment que Damian avait perdu Miles de vu, mais il s'en foutait. Miles savait se débrouiller, il était probablement déjà en train de flirter avec une gonzesse. Franchement, il commençait à se demander ce qu'il avait foutu pour mériter tout ça. Ses parents qui avaient lancé une procédure de divorce, sa copine qui le laissait tomber. Toutes ses pensées lui tournaient autour de la tête comme si on avait enclenché le bouton rejouer sur une chanson. Il allait craquer, il allait demander au barman ce qu'il avait de plus fort en matière d'alcool quand il sentit une main sur son épaule. Elle arrivait au bon moment, Damian se retourna et se retrouva face à quelqu'un qu'il ne replaça pas tout de suite. Lorsqu'il la reconnut, il lui afficha un énorme sourire. « Hey, ça va ? » dit-il avec le peu d'enthousiasme qu'il avait. Elle lui annonça qu'elle savait pour tout ce qui lui arrivait, le divorce, la rupture. Elle était la meilleure amie de la fille qui venait de le plaquer, il ne se demanda même pas pourquoi elle savait. Il lui fit un sourire avant de se retourner. Il ne voulait pas de la pitié de qui que ce soit. Il commanda aussitôt ce qu'il avait prévu de commander il y a quelques secondes. Le barman le lui servit avant de retourner aux autres clients. Il alla soulever la boisson quand il ressentit la même main sur son épaule. Il se tourna et la regarda. « Putain, qu'est-ce que tu me veux encore ? » s'énerva-t-il. Elle le regarda et lui demanda aussitôt de l'accompagner dehors. Il haussa les épaules et la suivi, n'ayant pas d'autre choix que de laisser la boisson là. Lorsqu'ils se retrouvèrent dehors, elle chuchota des mots qu'il n'entendit pas et il sentit ses deux mains sur ses épaules. Laissant ses instincts le guider, il approcha ses lèvres de la jeune femme et l'embrassa. Elle lui rendit son baiser et il craqua. Il la serra contre lui, le plus fort qu'il pouvait et l'emmena jusqu'à sa voiture. Miles n'aurait qu'à rentrer à pied, se dit-il avant de l'asseoir sur le siège passager et la conduire jusqu'à son taudis, comme il aimait bien l'appeler. Ce fut une nuit merveilleuse...

finalement, un peu avant le début de tout;

« Venez prendre place sur le plus grand paquebot jamais construit depuis le Titanic, que l’on a appelé le Magistic. Un voyage de rêve qui célèbre l’amour puisque les célibataires les plus endurcies et les plus désespérés y sont invités pour trouver l’amour. Mais, le Magicstic (ou magistic) accueille également les couples : des plus anciens au plus récents, vous êtes tous les bienvenus… » entendit-il à la radio. Il haussa un sourcil, ça l'intéressait. Il n'avait rien à foutre ces temps-ci. Les mecs de son groupe avaient proposé de faire une pause. Ils allaient, pour la plupart, en vacances à l'autre bout du monde. Damian décida alors que lui aussi prendrait des vacances. De plus, un paquebot remplit de jeunes femmes prêtes à tout pour trouver l'amour, qui n'en rêverait pas ? Lui, en tout cas, ça ne lui déplaisait pas ! C'est comme ça qu'il se retrouva sur le grand bateau avec une soudaine oreille supersonique et des vacances qui s'annonçaient plutôt palpitantes …